mercredi 7 mars 2018

Ethiopie - Le village des Karos (25)

Ce matin, c'est lever aux aurores. Le compresseur du groupe électrogène qui alimente le Buska Lodge se met en route à 5 heures en faisant un boucan d'enfer. Nos voisins, eux, ont été gênés par mes ronflements, alors ils sont d'humeur massacrante ... et vont demander à changer d'emplacement ! 
J'ai besoin de changer un peu d'argent car j'ai finalement pas mal dépensé en rémunération de photos et accès aux villages. A la réception du lodge, ils ne changent que les billets de 50 ou 100 euros, et encore avec un taux inférieur de 10% au taux généralement pratiqué ailleurs. Mais, si je veux avoir des birrs pour 10 ou 20 euros, je n'ai qu'à consommer au bar et ils rendront la monnaie en birrs, me dit le responsable de la caisse ... Là, ils veulent bien de mes petites coupures ! Le Buska Lodge ne nous laissera finalement pas un très bon souvenir. Ils sont vraiment trop grippe-sous ... Et puis, nous  qui couchons sous tente, nous n'avons pas le droit de manger dans la même salle que les clients qui sont logés dans des chambres ! Ici, c'est l'apartheid !

Pour notre dernière journée dans la vallée de l'Omo, nous partons visiter une autre tribu, celle des Karos, la plus petite puisqu'elle ne regoupe que 1500 membres. Ils vivent dans 3 villages du bord de l'Omo, dont celui de Kolcho situé à 60 kilomètres à l'Ouest de Turmi. 

La piste n'est pas trop mauvaise. Par endroits elle est tracée dans le sable. Notre chauffeur du jour s'intéresse beaucoup aux oiseaux car il a déjà accompagné un ornithologue. Alors, il s'arrête souvent dès qu'il en aperçoit un pour me laisser prendre des photos. Il est très sympathique et me demande combien coûte en France un appareil photo comme le mien, d'occasion. 80-100 € ?  j'avoue que je n'en sais fichtre rien ! Il me demande si j'ai des amis ou de la famille qui ont l'intention de visiter l'Ethiopie. Comme ça, ils pourraient lui faire parvenir un appareil photo pas trop cher . Car ici "il n'y a pas de livraisons avec Amazon", me dit-il. En fait je me demande s'il ne souhaite pas que je lui vende mon propre appareil.

Petit album des oiseaux d'ici
 Tisserin écarlate
 Tisserin de Speke
 Rousserolle à bec fin
 Pie grièche à dos gris
 Souimanga brillant (Sunbird)
 Rollier varié
 Rollier à longs brins
 Barbican à tête rouge
 Barbicans bidentés
 Calao à bec jaune

 Calao à bec rouge
 Autour chanteur
Vautour charognard
 Vautour africain
Tourterelle
Tourterelle masquée
Un couple d'oiseaux inconnus 

En arrivant au village des Karos, la vue est absolument splendide. La grande rivière Omo serpente en contrebas de la butte sur laquelle est construit le village.

A part ça, le village ressemble un peu à tous ceux que nous avons vus jusqu'à présent. Les huttes d'habitation sont constituées de brindilles, de chaume, de roseaux et de mélanges de branches et de branchages.  Il y en a de plus petites qui servent de silos à grains de sorgho.

Les Karos, comme les Mursis, nous harcèlent pour que nous prenions des photos. Ils n'apparaissent pas très commodes et comme tous les hommes sont équipés de kalachnikovs, ce n'est pas très rassurant. Sur la piste que nous avons empruntée pour venir jusqu'ici, un berger armé était fort mécontent parce qu'il estimait qu'avoir pris une photo de son troupeau de chèvres méritait le paiement des 5 birrs "réglementaires". 
Heureusement notre chauffeur lui a fait savoir que prendre une photo en plan large ne faisait pas partie du deal ! C'est tout de même désagréable d'être confronté à cette pression.

Les Karos sont apparentés aux Hamers. Comme eux, ils sont polygames, pratiquement l'initiation rituelle des garçons, la scarification. Comme chez les Dasenetchs, il y a une initiation pour la fille ainée, le Dimi, une bénédiction pour qu'elles soit féconde et de marie un jour.
Les Karos sont des bergers par tradition mais ils ont perdu leur bétail il y a quelques années à la suite de maladies  et ils sont devenus cultivateurs de sorgho, de maïs et de haricots par la force des choses. Ils pêchent également (kara signifie poisson) dans les eaux de l'Omo. Très peu nombreux, ils ont failli disparaître à cause du paludisme et de la mouche tsé-tsé. 


Les Karos affirment leur singularité en portant une petite touffe de cheveux au sommet de leurs crânes rasés, de nombreux colliers de grosses perles. Mais ce sont surtout leurs peintures corporelles blanches au gré de leur inspiration - rayures, points, figures géométriques sur le visage et le corps - qui en font de véritables artistes !

Quant aux hommes, ils paradent avec leurs armes en toute circonstance !






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