vendredi 29 juin 2012

Tour de Tunisie - Dougga

Dougga est la dernière étape de notre tour de Tunisie. Au bord de la route, juchés sur des poteaux électriques, de gros nids dans lesquels sont installées des cigognes avec leurs petits. Il y en a vraiment beaucoup. Du haut de leurs promontoires, elles observent le trafic routier : des pickups on ne peut plus chargés, des camions transportant du foin vers les régions arides du Sud, ... 

Arrêt pour déjeuner dans un petit village. Il n'y a qu'un petit restaurant populaire fréquenté par des travailleurs du cru. Difficile de se faire comprendre, personne ne semble parler français. Seul francophone, un jeune homme nous aide à commander du poulet accompagné de frites, arrosé d'une eau minérale. Les clients sont très surpris de nous voir ici; il ne doit pas y avoir beaucoup de touristes par là ! Une fois avalée notre assiette, nous demandons un expresso; il n'y en a pas au restaurant mais on nous indique que le café mitoyen peut nous dépanner. Après nous être déplacés de quelques mètres, nous commandons notre expresso. Un curieux ménage se déroule devant nos yeux : le jeune homme qui nous a aidé au restaurant fait signe au patron qu'il va régler nos cafés … Je lui demande pourquoi il fait cela et il me répond : «parce que tout à l'heure vous avez été corrects» . Sans doute voulait-il signifier qu'il était content que nous soyions venus manger dans ce petit restaurant … Sympathique attention, non ?
Dougga, situé à 120 kilomètres au Sud Ouest de Tunis, est considéré comme l'un des plus beaux sites romains de Tunisie. Il est d'ailleurs classé au patrimoine mondial par l'UNESCO. Dougga le doit d'une part à sa situation majestueuse (localisé en haut d'une colline), à son étendue et à l'état de sa conservation. 
Malheureusement, de très belles mosaïques, non protégées, commencent à se détériorer.
Les thermes
Le capitole est un des plus beaux monuments romains d'Afrique du Nord.
Les chapiteaux corinthiens sont finement ouvragés et sur le tympan du fronton, un bas-relief représente un homme enlevé par un aigle. Un escalier monumental descend vers le forum.
Le théâtre qui date de 166 après JC est encore assez bien conservé. Il accueille tous les ans les représentations du Festival de théâtre de Dougga.  
Le mausolée libyco-punique date du IIème Siècle avant JC et a servi de sépulture à un chef numide. Avant d'être romaine, Dougga connut une certaine importance à l'époque de Carthage. 
Nous sommes encore une fois pratiquement les seuls sur ce site pourtant réputé ... hormis une épaisse vipère qui détale juste sous mes pas et se réfugie dans les anfractuosités d'un vieux mur. Brrr ... Nous vivons dangereusement !

Tour de Tunisie - Kairouan

Après La Mecque, Médine et Jerusalem, Kairouan est la quatrième ville sainte de l'Islam. Les Tunisiens disent que 7 pélerinages à Kairouan équivalent à un pélerinage à La Mecque ... mais peut-être sont-ils de parti pris. En tout cas, c'est dans cette ville qu'on trouve plusieurs mosquées très importantes. La Grande Mosquée est le plus ancien et plus prestigieux sanctuaire de l'Occident musulman; son architecture a servi de modèle à la plupart des mosquées de Tunisie. Dans sa forme actuelle, elle date du IXème Siècle. La cour centrale pavée de marbre entoure des galeries qui ont récupéré des colonnes romaines.
Etant trop court vêtu, j'ai dû passer une djellaba qui me fait passer pour un authentique musulman. Avec ma barbe, ils me prennent pour un "frère" ici, et m'appellent "la barbiche" !
La salle de prière, immense, est construite selon le modèle de la Mosquée du Prophète de Médine.
Les portes sont en cèdre du Liban.
La Mosquée du Barbier a été appelée ainsi parce qu'elle a été construite sur le lieu d'inhumation d'un compagnon du Prophète, Abou Zamaa el-Balaoui, qui portait toujours sur lui quelques poils de la barbe de Mahomet en signe de vénération. La décoration inspirée de l'art andalou est absolument magnifique. Elle me rappelle celle de l'Alhambra de Grenade.
Kairouan possède encore bien d'autres mosquées : la Mosquée des Sabres (édifiée par un homme qui forgeait des sabres géants), la Mosquée des Trois Portes (une pour les hommes, une pour les femmes, une pour l'imam) : qu'est-ce à dire, l'imam serait-il ni homme ni femme, comme les anges de Constantinople ?
Les bassins des Aghlabides sont une vraie curiosité. Ce sont des bassins construits en 860 (!) pour recueillir et filtrer les eaux nécessaires aux besoins de la population de la ville. Un aqueduc de 40 kilomètres amenait l'eau des montagnes. Le grand bassin contient 57 000 mètres cubes.  
La médina de Kairouan est entourée de remparts qui existent toujours.
Au puits Barouta, un dromadaire actionne une roue qui puise de l'eau. Une légende dit qu'il communique avec La Mecque. Je ne sais pas si c'est vrai mais j'espère que oui parce que j'ai bu une tasse de cette eau miraculeuse ! En tout cas, je n'ai pas été malade, et c'est déjà un miracle avéré !
Kairouan est célèbre pour ses tapis. Evidemment, l'homme à moto qui nous a indiqué où se trouvait notre hôtel alors que nous pénétrions dans la ville et qui nous a ensuite (évidemment ! ) proposé de nous faire visiter Kairouan nous fait rentrer dans un magasin de vente de tapis (évidemment !). Le même scénario que celui de la médina de Tunis se produit: on nous présente les tapis, on nous demande lesquels sont les plus beaux, on nous demande de donner un prix, sans engagement, ... Michèle se fâche ... Finalement, on cède, on achète un petit tapis qui plait à Michèle pour 50 € et Michèle m'en offre un autre pour 20 € de plus ! Ils ont fini par nous avoir à l'usure ... 
La médina héberge de nombreux artisans : tisserands,
chiffonniers,
ciseleurs,
luthiers,
fabricants de patisseries orientales,
Notre hôtel est une sorte de parador installé dans la vieille Kasba. Ici côté face (entrée de l'hôtel).  Très sélect.
et ici côté pile. Beaucoup moins sélect.
Le réceptionniste à qui nous demandions de sortir par derrière (pour aller dans la médina) nous dit que ce n'est pas pratique parce que c'est la sortie du personnel, qu'il faut franchir une haute marche; il ne nous avait pas dit qu'il s'agissait d'une grosse marche d'imondices ! Et dire que c'est probablement par là que se font les livraisons du restaurant chic dans lequel nous mangeons le soir même ...
Pour oublier tout ça, rien ne vaut une bonne chicha allongé sur la banquette en pierre de cette ancienne prison de la Kasba transformée en café maure . Cela faisait longtemps que je n'en avais pas fumé !


Tour de Tunisie - Oasis de montagne

Chebika, Tamerza et Midès sont 3 oasis situées à proximité immédiate de l'Algérie, en pleine montagne. Pour y arriver, la route traverse le Chott El Gharsa, une mer de sel qui se trouve à 20 mètres au dessous du niveau de la mer.
La route arrive dans l'oasis de Chebika, au pied d'un massif montagneux particulièrement inhospitalier. Un oued alimenté par une source coule au fond d'une gorge et irrigue une petite palmeraie. Illuminé par le soleil couchant, l'endroit est assez féérique. 
On attend le touriste. J'achète pour 10 dinars (5 euros) une petite géode dont l'intérieur est de couleur mauve foncée avec des petits cristaux dorés.
Une affaire ... qu'un guide de la région ramènera à de plus justes proportions : il s'agit d'une géode blanche qui a été trempée dans un liquide coloré. Bien que je me sois fait rouler dans la farine, je suis néanmoins content car la pierre pour n'être pas naturelle est cependant belle.
La route commence à grimper sérieusement en lacets et permet de découvrir d'autres horizons. Une autre oasis, Tamerza, se trouve ici plantée au beau milieu de cette montagne grandiose et très aride.  
En s'approchant de l'hôtel-restaurant du village, un guide local nous aborde. Hamid connait justement un autre petit restaurant typique de la localité et il nous y accompagne. Evidemment, dès que nous en ressortons, Hamid s'approche et nous propose de nous faire visiter Tamerza. Marché conclu pour 20 dinars, nous savons maintenant comment procéder. Le nombre de touristes a chuté de manière importante après la Révolution de Jasmin alors qu'il ne s'est ici rien passé et que le calme a toujours régné ... Tunis et les villes du centre du pays qui ont impulsé la révolte (Gafsa, Kasserine, Sidi Bouzid) sont loin d'ici. Hamid est sceptique devant les exigences des jeunes qui voudraient tout tout de suite après la Révolution et qui se révoltent maintenant parce que les "projets" promis par le gouvernement d'après la Révolution pour résorber en partie le chômage ne se concrétisent pas. "Aides-toi, le ciel t'aidera", telle pourrait être sa devise. En attendant les lendemains qui chantent, Hamid s'efforce d'être utile et agréable aux touristes.   
Avec ses copains du petit magasin de souvenirs, il forme un petit orchestre et essaie de nous entraîner à danser sur des rythmes endiablés.
Nous pénétrons dans une gorge au fond de laquelle coule un oued. Il y a pas mal d'eau si on en juge par le torrent qui nous dévale sur la tête au dessous de cette petite cascade ...
Les canyons sont ici particulièrement impressionnants
Avant de nous quitter, Hamid nous propose un plan pour le lendemain : revenir à Tamerza pour chercher des géodes et des fossiles, manger un couscous chez lui ... et plus si affinités. Malheureusement, notre hôtel est loin, à Tozeur, à 80 kms de là et nous ne le reverrons pas. Nous avons déjà fait beaucoup de kilomètres ...
Depuis Tamerza, il faut encore faire quelques kilomètres de plus pour rejoindre Midès. Le village entouré de falaises se trouve à quelques centaines de mètres de la frontière algérienne et pour visiter le site il est préférable de prendre un guide connaissant les lieux si on ne veut pas passer en Algérie et se retrouver dans une geôle accusé d'espionnage ... Le vieux village a été abandonné à la suite des inondations catastrophiques de 1969. Durant 3 semaines, l'eau n'a cessé de tomber et les toits de palmes se sont effondrés.
Notre guide de Midès et ... devinez qui ??
oui, c'est Michèle !
On descend dans une gorge aujourd'hui à sec mais qui peut être remplie d'eau sur 5 mètres de haut si un orage survient (ça arrive environ 20 fois par an).
Je me baigne dans une petite vasque qui garde un peu d'eau boueuse et malodorante.
Retour en grimpant le long des parois du canyon. Impressionnant, mais notre guide veille sur nous.
Depuis le sommet, vue sur la Chouette, une curieuse formation rocheuse due à l'érosion. Nous sommes observés !